Temps et contretemps

Publié le par Conchita

22 heures 22.
Le temps se retrouvait dans un miroir, à deux doigts de ne plus savoir que faire dans ce giratoire. Gauche, droite, en avant, en arrière ? Ah, monsieur le Temps était muet ? Facile de faire semblant de ne pas trouver son chemin, de se goberger des itinérants sans guide. Celui-là, il allait falloir le surveiller de près. Intelligent de ficher la trouille au moindre son de talon-aiguille, de vouloir expliquer pourquoi Pierre était une pierre. Pas si perdue, la marquise des orages, entre deux ondées, trois mots perdus, quatre langues fourchues, cinq têtes coupées par inadvertance, six doses de champignon, sept nains, huit grands huis.
Neuf, dix, onze... J'étais partie pour faire le tour de la pendule. J'aurais préféré, même dans un bois sombre, couverte d'aiguilles de pins, donner à ces mots leur sens réparateur : faire le tour de la pendule. Dormir, dormir et dormir. Marcher autour d'une orbe mouvante, m'écorcher les mains aux pentes du réveil, accoster aux rives du sablier en me laissant croire que c'était la plage. Petite plage de sieste, escale méritée, Capitaine, avec un lapin nain pour toute compagnie, si petit qu'il tient dans la poche.

Et longtemps le soir gémit

ce sera Mykonos et ce sera

le sel

tronqué des graines océanes

l’écorce suintante entre le vent et l’encre

tempête de tavernes

et l’amarante ridée aux corsets des galères

des prières surannées flottent comme des robes

que ce grand lit d’airain se

ferme

comme un bruit

on entendra la pierre

la soif

nefs confuses de fruits très vieux

le frisson du géranium aux fenêtres

blanchies

ici la nuit traîne des eaux verticales

l’aube s’y écaille

orbe de rocs hérissés

comme un grand cerisier

 

Que ce grand lit d'airain se ferme sans un bruit, dans cette nuit verticale.

A l'aube, les cerises seront mûres, les morts morts, les graines ridées, la pierre pierre.

 






Quel cauchemar !
Changer de marchand, vite. Ou ces piles n'ont que trop duré.

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C
Moi, je dis que quand le temps se retrouve dans un miroir, il est plus que nécessaire d'oser briser la glace. Ce que, du reste, vous faites avec beaucoup de doigté.
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C
<br /> Il faudrait que j'aie les gants de Maria Casarès pour le traverser. Ou revoir mon contrat d'assurance : je ne sais pas s'il comprend le bris de glace (personne n'y comprend rien d'ailleurs). Je ne<br /> suis pas encore rompue à ce genre d'exercice.<br /> <br /> <br />